Libération de Tran Thi Nga

VIETNAM — C’est en femme libre que Tran Thi Nga a atterri vendredi 10 janvier 2020 à l’aéroport d’Atlanta, aux États-Unis, accompagnée de ses deux jeunes fils et de son compagnon. L’éminente défenseure des droits humains purgeait une peine de neuf ans pour «propagande contre l’État» au Vietnam. Cette libération anticipée marque la fin de son calvaire en prison, lors duquel elle a subi des mauvais traitements, des transferts arbitraires et des dénis de soins.
Après quasiment trois ans derrière les barreaux au Vietnam, Tran Thi Nga a pu quitter sa cellule à condition de quitter immédiatement le pays. Elle a donc retrouvé ses deux plus jeunes fils ainsi que son compagnon sur le tarmac de l’aéroport au matin du 10 janvier, avant d’embarquer pour un long voyage jusqu’à Atlanta, dans l’État de Géorgie.

Exil forcé
Les autorités vietnamiennes ont recours depuis quelques années à une stratégie d’exil forcé des voix dissidentes. En janvier 2017, le militant des droits humains Dang Xuan Diêu a pu sortir de prison avant d’avoir effectué la moitié de sa peine initiale, à condition de quitter le Vietnam. Au mois de juin de la même année, l’universitaire Pham Minh Hoang a quant à lui été déchu de sa nationalité vietnamienne et a dû quitter sa famille pour rejoindre la France. Le 7 juin 2018, ce sont l’avocat des droits humains Nguyen Van Dai et son assistante Le Thu Ha, condamnés respectivement à 15 et 9 ans de prison, qui ont été libérés et exilés en Allemagne. Enfin, le 17 octobre 2018, la défenseure des droits humains Nguyen Ngoc Nhu Quynh, aussi connue sous son pseudonyme Me Nam, a elle aussi pu quitter sa cellule pour embarquer à bord d’un avion à destination des États-Unis avec sa famille. Cette stratégie permet au Vietnam de faire preuve de bonne volonté auprès de la communauté internationale tout en éloignant les défenseurs les plus influents. En parallèle, les arrestations et condamnations au sein de la société civile vietnamienne continuent de pleuvoir.

Source : ACAT-France


Nous suivons le cas de Tran Thi Nga depuis l’été 2018.